jeudi 31 mars 2011

Olympiades, Paris, 1924



Vue aujourd’hui, sur Internet, cette affiche de Jean Droit, dessinée pour illustrer les Jeux olympiques de 1924, tenues pour la seconde fois à Paris. La guerre s’était achevée 6 ans auparavant. Les Allemands, tenus pour responsables du crime et de la catastrophe, avaient été mis au ban des nations, depuis le traité de Versailles de 1919, et ne pouvaient pas participer à ces Jeux. L’affiche de Jean Droit, qui a fait la guerre et l’a illustrée de manière remarquable, magnifie la désormais possible régénérescence de la nation française, la vigueur de sa jeunesse, rassemblant des jeunes hommes tous blancs, vêtus à l’antique, prêtant le serment olympique devant les trois couleurs nationales immensément déployées, le blason de Paris rappelant quand même la ville hôte des Jeux.

1924, année olympique, année de fierté nationale pour la France. Un an auparavant, Hitler avait tenté, et raté, un coup d’État à Munich, qui lui avait valu procès, emprisonnement et notoriété. C’est de sa prison que Hitler a pris conscience de l’importance déterminante d’une propagande réfléchie, scientifiquement conçue pour être efficace, reniant les individualités, fabriquée à coups de gestes théâtraux,  d’affiches provocatrices et séduisantes, volontairement sexuées, symboliquement chargées, évoquant la force de la masse dans une gestuelle unique, parlant le langage de tous parce que parlant à l’inconscient. Deux ans auparavant, Mussolini avait réussi la célèbre Marche sur Rome ( qu’il avait faite en train jusqu’aux faubourgs de la ville ! ), et l’Italie tombait sous la coupe d’un régime à la fois réducteur et séducteur,  revalorisant, par la force brutale des Chemises noires, une virilité mise en doute par les premiers mouvements féministes et l’entrée facile des femmes dans les usines, pendant la guerre. Les hommes avaient douté d’eux-mêmes. La guerre les avait temporairement refaits. Le fascisme allait les conforter d’autant mieux qu’il allait jouer, subtilement, sur l’attrait homosexuel, idéalisé, inavoué, toujours contenu, mais toujours suscité. 

Ce que j’ai écrit là est bien connu, très documenté. J’ignore si Jean Droit était homosexuel. J’ignore aussi s’il a éprouvé une certaine fascination pour l’imagerie fasciste, ou si les formes mêmes de la propagande nazie ont stimulé son imaginaire, peut-être même excité l’artiste qu’il était. Mais reste que cette affiche a toutes les caractéristiques, ethniques, racistes, sexistes, communautaires, qui feront le succès inouï, affreux, de la propagande nazie - et qui attirera, de fait, de nombreux homosexuels dans les rangs des SA naissants. Cette affiche est troublante. Elle ne cesse de laisser croire à la diffusion rapide des idéaux fascistes, qu’on voudra nier par la suite, pour ne les concentrer vraiment qu’en Italie et qu’en Allemagne, à peine en Espagne. C’est une mauvaise blague - un terrible mensonge - que de penser de la sorte.


lundi 28 mars 2011

À PROPOS DE LA GUERRE POUR LA PAIX



Eleanor Roosevelt présente la Déclaration universelle des droits de l'homme: 1948




Bernard-Henri Lévy publie aujourd’hui, à la une de son blogue, l’intégralité d’une entrevue qu’il a accordée au journal allemand Der Spiegel. Il s’avère encore une fois tel qu’il est depuis la tragédie bosniaque, engagé, passionné, par ailleurs politiquement influent, et aux yeux de plusieurs qui le liront, certainement compromis, de fait, avec la droite néolibérale, et guerrière. Il s’est, dit-il, entretenu plusieurs fois au téléphone avec Nicolas Sarkosy. Le Président l’a écouté, et s’est laissé convaincre, de la nécessité, pour la France, de s’engager dans un « devoir d’ingérence » de type militarohumanitaire. Question d’honorer le drapeau français. Ce n’est pas rien. J’imagine que Sarkosy a aussi écouté d’autres types d’arguments. Ceci étant, BHL sait pertinemment bien que sa position rejoint celle de la droite néolibérale pour qui la guerre faite au nom de la démocratie est toujours menée dans l’intérêt objectif du grand capital, et que la démocratie confondue avec les droits de la personne est toujours indissociable de la mondialisation et des bénéfices nets de l’occident. D’où cet extrait de l’entrevue, crucial, où BHL se sépare des intérêts de l’industrie pétrolière, et conséquemment des intérêts non avoués des États-Unis d’Amérique en Afrique du Nord et au Moyen-Orient :

« Je ne suis pas certain que l’Occident avait tellement envie que ça que le printemps arabe aille jusqu’en été. Je ne suis pas certain, du tout, que l’administration américaine était unanime à vouloir se débarrasser de ce bouffon sanglant [ Kadhafi ] . Est-ce qu’il n’y avait pas, dans toute une partie de l’establishment US, l’idée qu’il y en avait marre, justement, de ce vent de révolte, qu’il était temps de siffler la fin de la récréation démocratique et qu’il fallait tout faire pour éviter que la contagion n’arrive jusque dans le Golfe et dans la ô combien stratégique Arabie saoudite ? C’était la position du Pentagone, par exemple : la Libye comme une porte coupe-incendie évitant que le feu des révoltes ne se propage jusque dans le Saint des Saints. Et c’est [la] raison pour laquelle il ne faut pas parler de « guerre occidentale » : l’occident était divisé, vraiment, sur cette affaire ; vous aviez ceux qui pensaient que la démocratie [était] la meilleure garantie de bonnes relations futures avec le monde arabe et ceux qui, raisonnant à court terme, se sentaient plus à l’aise, plus en pays de connaissance, avec les vieux dictateurs. »

Je n’ai pas d’objection théorique à penser ( humblement ) comme BHL. Mais le suivre, et soutenir la légitimité des opérations de guerre de la Coalition en Libye, obligent à réfléchir sur les responsabilités internationales dans l’après guerre. BHL parie que ce lendemain de guerre sera démocratique, tel que nous l’entendons dans le droit international. Mais si ça ne devait pas être le cas, que devrions-nous faire en suite logique à cette première ingérence  ? C’est là que j’ai des doutes, que je m’éloigne ( je le répète, bien humblement, ) de BHL : les entreprises, les « personnes morales », les intérêts transnationaux, ne sont jamais, jamais indifférents; ce sont, toujours, et précisément, des groupes d’intérêts ; ils ne se servent des nations que pour mieux servir leurs profits ; ils sont capables, aux États-Unis, de puissantes manipulations de l’opinion publique, et parfois formulent exactement les choses telles qu'ils les conçoivent : « ce qui est bon pour General Motors est bon pour les États-Unis, et vice-versa. » En bref, contrairement à BHL, j’ai peur des lendemains de l’affaire libyenne, j’en ai suffisamment peur pour avoir été, malgré le risque de massacres énormes, de gigantesques crimes contre l’humanité, assez froid ( dans la tranquillité de mon salon ) au déclenchement d’opérations de guerre contre un pays arabe et pétrolier.

Conscient de cette critique possible, et d’évidence pas si stupide, de la décision d’intervenir en Libye, BHL précise plus loin : 

« (…) Que la Ligue arabe demande une intervention alliée dans un pays de son périmètre c’est un événement majeur, y compris dans l’histoire des idées. (…) C’est la première fois, du coup, que notre « devoir d’ingérence » se voit pris en charge, mis en œuvre, avalisé dans son principe et dans ses modalités d’application, par des pays non occidentaux. On ne pourra plus en parler comme avant. On ne pourra plus nous faire le coup de la sombre manœuvre de l’Empire et du néocolonialisme déguisé… (…) On a fait un grand pas, là, vers l’idée que l’humanité est une, qu’elle n’est pas segmentée en blocs civilisationnels étrangers les uns aux autres et justiciables de droits différents.  »

C’est là la grande, la très grande question, la problématique première concernant l’avenir de l’humanité, et sa pacification. Je connais des gens, intelligents, sensibles aux autres, militants à leur manière, et qui croient que le respect des libertés individuelles passe d’abord par le respect des différences culturelles, qui transcendent, par exemple, le droit à l’égalité entre les hommes et les femmes, tel qu’on le met en pratique quotidienne en Amérique du Nord, et ici même, au Québec. Il y a des gens, nombreux, pour qui la femme voilée n’est pas inférieure, mais différente, et qu’on ne peut pas juger à partir de critères occidentaux, même traduits dans une loi prétendument commune à tous et toutes, personnes, cultures, États, nations, civilisations. C’est le multiculturalisme qui est la grande règle de droit, qui garantit au mieux la paix entre toutes les différences.

Je ne partage pas ce point de vue. Je crois, comme BHL, qu’il ne peut pas y avoir des libertés fondamentales « justiciables de droits différents », ni dans la législation nationale, ni dans le droit international. Admettre des droits différents, maintenant, c’est comme naguère établir des « écoles séparées » ; ça ne peut évidemment pas générer une égalité commune entre tous et toutes. Et l’égalité ne peut être vraie qu’à l’intérieur de ce principe fondamental, datant de 1789, que la loi est la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse.

La loi est la même pour tous. On s’imagine le bordel, le chaos terrible, meurtrier, que déclencherait l’application rigoureuse de ce principe, en relations internationales, dès aujourd’hui  ? C’est la raison pour laquelle ce seront les railleurs, les puissants, les intéressés qui finiront par imposer leur solution en Libye, avec la bénédiction timide parce qu’impuissante de l’ONU, et que BHL, quant à lui, n’aura pas fini son combat, tant s’en faut.







mercredi 23 mars 2011

ENLARGE YOUR PENIS


Source: http://www.targetmap.com/viewer.aspx?reportId=3073



Cette carte, inconcevable il y a peu de temps encore ( et j’imagine, dessinée à partir de relevés scientifiques rigoureusement mesurés, à la vue et au toucher, par des investigateurs formés aux exigences les plus strictes de l’anthropologie moderne, puis vérifiés, contrôlés par des experts évidemment objectifs et compétents, reconnus pour avoir souvent pratiqué la chose, mais sans jamais, jamais avoir ouvert la bouche à quelque énormité démagogique, spécialistes par ailleurs barricadés contre toute forme détestable de préjugés, ou pire encore, de désirs enfouis, bref… ) cette carte, dis-je, illustre, par un judicieux choix de couleurs, la longueur très variable de l’organe dit de la « fierté du monsieur », et sur lequel on a écrit, de tout temps, des tas de bêtises, bêtises qui, parfois, niaient l’évidence qui crevait les yeux ( pour ne pas mentionner autre chose. )

Je vous offre aussi, comme de juste, l’instrument pour tout comprendre, i.e l’échelle pour interpréter correctement les données tangibles ( presque palpables ) de la carte.


  
Il y a de quoi, ici, remettre en question des savoirs historiques acquis de longue date, qu’on avait cru incontestables ( jusqu’à hier, date où la carte a été publiée sur le réseau mondial, nouvelle et terrible secousse sismique qui va broyer, cette fois-ci, des narcissismes nationaux horriblement mal fondés… )

Par exemple, si nous ne sommes guère surpris de constater que l’Afrique dite « noire » est bien dotée, et a de quoi marcher fièrement, droit devant, confiante en ses richesses naturelles colossales, que dire des États-Unis et de la Russie, superpuissances en réalité aussi moyennement dotées l’une que l’autre, et qui nous ont pourtant, du temps de la guerre froide, fait croire à leurs horribles machins de… guerre ? L’humanité a été dupée. Quelle humiliation, du reste, pour les Blancs d’Amérique du Nord, que de constater que malgré les 11% d’Afro-Américains qui cohabitent avec eux, leur moyenne au bâton — c’est une figure — reste si peu impressionnante ? L’observateur averti prend note, aussi, en considérant l’Europe de près, que la réputation des Français et des Italiens d’être de parfaits… insatiables est loin d’être surfaite, et s’appuie sur des données biologiques validées. Tout s’éclaire, maintenant, pour Berlusconi, il aura matière à plaider — preuve à conviction bien en main — devant les tribunaux… Là ou l’Histoire, franchement, se fait désormais petite, c’est quand elle constate que les Aryens ne sont pas nécessairement la race supérieure qu’ils ont déjà prétendu être, encore qu’à bien regarder la carte, les Anglo-Saxons ont su, perfidement, répandre une fausseté superfétatoire masquant une banale médiocrité, et ce, un peu partout sur la planète, au Canada, en Nouvelle-Zélande, alors que l’Australie n’a même pas su garder le standard… Le Soleil est à jamais couché sur l’Empire ! On comprend qu’il s’accommode d’une reine ! Qu’est-il arrivé à l’Australie, trop proche, peut-être, des pays de l’Asie du Sud-est  ? C’est possible. La carte est , pour ce coin-là du monde, en tout cas, parfaitement lumineuse ( phosphorescente, je dirais, ) et on comprend mieux pourquoi on a dit si souvent des Chinois qu’ils se reproduisaient comme des lapins !

À ceux et celles qui voudront ajouter une graine de leur précieux savoir, ne vous gênez pas : le plaisir est dans l’édification des ignorants !






dimanche 20 mars 2011

PLEINE LUNE OBÈSE




Elle a dû être contemplée, fouillée du regard, interrogée des milliards de fois ce soir, dans notre hémisphère; et photographiée, juste à Montréal, par des milliers de personnes. La lune est spectaculaire cette nuit ; de par son exceptionnelle proximité, de 15 % plus grosse que de normale. La pleine lune reste toujours un spectacle extraordinaire, même au centre-ville, même au-dessus d’une petite rue particulièrement triste et laide de ce qu’on appelle le Village. J’ai dû utiliser le zoom de mon petit Canon pour pousser mon regard au-delà des fils électriques. Cela donne une pleine lune auréolée, seule dans un ciel sans nuages et pourtant sans étoiles, seule comme je suis seul cette nuit ; pas même mon petit chien à qui j’ai subitement pensé, parce qu’il adorait (aussi !) venir avec moi sur la galerie de la maison, et voir à la sécurité de la rue, tout en haut, sans danger...
C’est la lune qui veille cette nuit. Elle le fait bien. Dehors, j’ai entendu des voix respirer tout en douceur.



 

samedi 19 mars 2011

VERSAILLES : SPLENDEURS ET VANITÉS



Trône de Napoléon, placé dans la salle du Corps législatif. Il a été quelque peu altéré après la chute de l'Empereur: les Aigles sont disparues, ainsi que le monogramme qui se trouvait au coeur de la couronne de lauriers.



Le Musée de Versailles fait voir une exposition qui me paraît être une merveille : une présentation de Trônes ( et donc de représentations symboliques du Pouvoir, souvent sacralisées ) à travers l’histoire et les civilisations. Coup de chance, le Musée propose aussi une galerie virtuelle de ces illustres sièges. On peut l’admirer à l’adresse Internet suivante :
C’est ma Chose vue du jour, sans conteste, même si au moment précis où j’écris ce court billet, l’attaque contre la Libye commence, et qu’il est très possible que ce trône ne soit, lui, pas si facile à neutraliser, voire même à culbuter…




mercredi 16 mars 2011

MÈRES ET FILLES DANS LA MORT



J'ai vu cette image cet après-midi sur Twitter; je ne pourrais donc pas en donner ici la source exacte. Qu'importe, j'ai décidé de la re-publier quand même, tant ce qu'elle montre, et dit, est à la fois tragique et universel. C'est, je crois, la photo la plus poignante, la plus horrible aussi, que j'ai vue des suites du tremblement de terre et du tsunami du vendredi 11 mars dernier, dans le nord-est du Japon. Une mère et sa fille ont trouvé la mort ensemble; une mère, surtout, a essayé, contre la submersion fatale, contre la mort pourtant certaine, de protéger sa fille. C'est autrement que toutes deux survivront.

La photo m'a immédiatement rappelé Pompéi, et les images, aussi, des corps saisis par la débordement des cendres volcaniques, et les coulées de lave. Je me rappelais avoir déjà vu une photo du moulage des corps d'une mère et de sa fille, mortes elles aussi ensemble, il y a deux mille ans, dans des circonstances qui rappellent celles qui affligent maintenant le Japon.




Raz-de-marrée, pluie de cendres, coulées volcaniques, l'horreur de la mort subite fige parfois la nature humaine dans ce qu'elle a, peut-être, de plus immortel. Je suis convaincu que la photo de la jeune mère japonaise et de sa fille restera comme un des témoignages les plus forts du fléau du tsunami de vendredi dernier, au même titre que, par exemple, la photo de la jeune Vietnamienne prise de terreur lors du bombardement sur son village, en 1972 - photo qui avait beaucoup fait pour achever de discréditer cette guerre.


La vie est singulière, et affreusement fragile.

mardi 15 mars 2011

CONVERGENCE




Photo: AFP



Ce qui se passe au Japon est doublement tragique.
Le risque nucléaire atteint la cote 6, semble-t-il – bien que le Japon conteste cette analyse faite par l’Autorité de sûreté nucléaire ( française ). Au Japon, on parle plutôt des vents qui, heureusement, poussent vers le large le danger de radioactivité, protègent les populations civiles, sécurisent Tokyo…
Doublement tragique parce que la gravité même des faits, qui dépassent les convictions idéologiques, ridiculise ( pour un temps ) les engagements politiques de gauche ou de droite, questionne la survie même de l’espèce et de ce qu’elle fait, depuis 1945, de sa planète – de son environnement multimillénaire – et facilite la répression en Afrique du Nord et dans la péninsule arabe. Là-bas, c’est à nouveau 1848, d’abord le vent de révolte et de liberté, la proclamation de la République, la secousse qui traverse les frontières devenues poreuses, mais c’est ensuite l’armée qui, parce que c’est devenu possible de tirer et de gagner, parce qu’il y a l’exemple libyen, écrase dans le sang la révolte populaire qui a perdu de son identité…  Tout comme à l’époque les Russes en Pologne, c’est Kadhafi qui reprend possession de son pays, ce sont les monarchies qui comprennent que le vent a tourné, qu’elles peuvent s’entraider, qu’elles peuvent durer et survivre.
Il a convergence entre le Japon et le monde arabe, entre les tyrans et l’atome. Reste à savoir qui des deux, du nucléaire civil, ou des petits césars sans religion d’État, réussira à tuer le plus d’êtres humains possible et à maintenir intacts, les progrès inévitables de la « modernité », savoureusement célébrée par les droites occidentales en tous genres.




lundi 14 mars 2011

STATISTIQUES

Statistiques de fréquentations: Chroniques amnésiques et autres mémoires vives



Statistiques de fréquentations: Choses vues



De temps à autre, on vérifie, bien sûr, si on est lus ! Je suppose que tous les blogueurs le font.

Il y a plusieurs compteurs sur mes deux blogues; aucun ne donne les mêmes chiffres. Parfois, l'explication est facile. Ainsi, le compteur de Géovisite [ le petit globe terrestre qui tourne sans arrêt ! ] n'enregistre que les visiteurs qui ont le plug-in Java, à jour, sur leurs machines. J'ai vérifié l'affaire à partir de postes informatiques du Collège, - des ordis tout neufs, mais déposés tels quels sur nos tables de travail, sans mises à jour préalables, - et le résultat est clair: pas moyen de faire monter le compteur depuis mon lieu de travail ! Géovisite, pour esthétique qu'il soit, ne fournit donc que des données très partielles.

SiteMeter semble plus précis. Quand on accède à son compte personnel, avec un mot de passe, on obtient beaucoup d'informations sur les visiteurs qui nous fréquentent, y compris les IP, partiels dans la version gratuite de l'abonnement, mais de ce fournisseur de données aussi, les chiffres ne concordent pas avec d'autres prestataires de services.

ToutLeMondeEnBlogue calcule différemment ses données de fréquentations. Elles divergent considérablement d'avec les autres fournisseurs de statistiques. Et j'ignore pourquoi.

Enfin, le dernier de mes abonnements, le site VisiteurBienRéels.FR, dont je fournis ici les tableaux de fréquentations de mes deux blogues, depuis les 90 derniers jours, me semble, d'intuition, assez fiable. Je croyais que Choses vues avait un lectorat essentiellement draîné par Chroniques amnésiques; à comparer les courbes, on ne le croit pas, ou que très partiellement, et Chroniques amnésiques reste mon blogue le plus lu, et de loin. Si je me fie à ce que je vois, Chroniques amnésiques oscille entre 30 et 60 lecteurs uniques par jour, et se permet parfois des pointes qui frôlent les 90 lecteurs ! C'est l'abondance !

Au moins mes blogues existent-ils dans le cyberespace, même si c'est loin, très loin d'être le franc succès. J'imagine que pour me faire une idée assez exacte de qui me lit, il me faut recouper les informations que j'obtiens de tous les fournisseurs de statistiques de fréquentation. 

Quant au reste, bah il faut surtout jouir du plaisir d'écrire, et de se « publier » soi-même, sans jamais risquer le refus ( arbitraire, comme de juste ) d'un éditeur !


dimanche 13 mars 2011

BORN THIS WAY


Pierre: photo prise à ses 7 ans, en 1977



Le site commence à faire parler de lui. À peine créé, il connaît un énorme succès, de fréquentation d’abord ( près de 2 millions de visiteurs, en quelques mois seulement ), succès qui se répercute maintenant dans les médias traditionnels qui s’intéressent au phénomène. Et il faut bien le dire, le concepteur a eu là une idée de génie. Et c’est, au sens premier de l’expression, une véritable ouverture sur le monde, le monde différent, encore persécuté, méprisé, marginalisé, caché, parfois condamné à mort, parfois poussé au suicide. Et pourtant, c’est une chose certainement naturelle, surtout quand elle s’accompagne de bienveillance, qu’elle est soutenue par des parents aimants ; et c’est une condition probablement innée. En tout cas c’est là la thèse du site BornThisWay, qui propose à des hommes et des femmes adultes, qui ont reconnu et assumé leur orientation sexuelle homosexuelle, de rappeler, photos à l’appui, comment ils en ont pris conscience durant leur enfance, et comment cela pouvait être flagrant pour leur entourage. Juste à voir…
J’aurais aimé avoir l’idée d’un pareil site ! J’y ai passé hier, et encore ce matin, des heures heureuses, amoureuses, réconfortantes. BornThisWay est l’exemple même de ce qu’Internet peut offrir de meilleur, un parfait exemple d’ouverture au monde et sur le monde.
Le cyberespace permet l’intimité avec la tragédie japonaise. Il permet de participer au soulèvement des populations d’Afrique du Nord, permet à l’Amérique latine de prendre conscience de son unité de culture et d’intérêt, comme jamais auparavant, et le rêve de Bolivar n’est peut-être, désormais, plus inaccessible. Internet a permis l’élection de Barack Obama, révolution en soi, même si le Président déçoit depuis, de plus en plus. Internet permet de dire, de montrer, de dévoiler, de dénoncer. Le Web innove, implique l’internaute directement, personnellement, dans de nouvelles formes d’aide internationale ( Sur cette question, il faut voir le site remarquable : http://seeyourimpact.org/ ). Prenons donc bien garde aux conservateurs de tout acabit qui s’en inquiéteront, de plus en plus, et qui voudront censurer le réseau, non pas pour encadrer ce qui pourrait déraper vers des activités criminelles ( je pense, par exemple, à la diffamation, trop facile quand elle est couverte par l’anonymat, ) mais pour simplement faire taire et cacher ce qui pourrait ouvrir les esprits, les mentalités, les affections à toute espèce de genre humain.
Je souhaite de tout cœur qu’un site comme BornThisWay puisse contribuer à sauver des vies. Ce serait là son seul apport qu’il serait déjà énorme, essentiel au bien-être commun.

Source: http://borngaybornthisway.blogspot.com/




Ajouté le dimanche 3 avril: 
Les Français, via l'excellente revue Yagg, ont repris le modèle américain, en l'adaptant au public d'outre-Atlantique: tout aussi intéressant, tout aussi attachant.
http://dejatoutpetit.yagg.com/




vendredi 11 mars 2011

TREMBLEMENT DE TERRE, Lisbonne, 1755





Lisbonne, le tremblement de terre, les incendies, le tsunami ( 1er novembre 1755 )



Lisbonne, deux illustrations du tsunami



Les événements tragiques qui, littéralement, secouent le Japon depuis 24 heures m'ont rappelé un tremblement de terre célèbre, affreux, point tournant de l'histoire et de la pensée modernes.
En 1755, Lisbonne était soulevée, détruite, incendiée, assassinée par un tremblement de terre majeur, suivi d'un tsunami qui a achevé de détruire la ville. Dans les heures qui ont suivi, les côtes atlantiques ont toutes été atteintes. Le Maroc a été particulièrement touché. Un peu plus tard, les vagues se jetaient même sur les côtes américaines.

On croyait en Dieu, à l'époque, un Dieu responsable de tout, et du bien en toutes choses, toujours.

Lisbonne a jeté un doute radical quant au plan et à l'oeil de Dieu.
En fait, le malheur de Lisbonne a fortement contribué à l'essor de la pensée critique, scientifique, rationnelle, et certainement, comme c'est le cas dans ce célèbre poème de Voltaire, de la pensée humaniste.
Dieu n'y peut rien, c'est à l'homme de voir à la bonté du monde...


Lisbonne: les camps de réfugiés, les pendaisons de pillards

Voltaire, Poème sur le désastre de Lisbonne, 1756, Extraits:

O malheureux mortels! ô terre déplorable!
O de tous les mortels assemblage effroyable!
D'inutiles douleurs éternel entretien!
Philosophes trompés qui criez: « Tout est bien »
Accourez, contemplez ces ruines affreuses
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l'horreur des tourments leurs lamentables jours!
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous: "C'est l'effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix"?
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes:
"Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes"?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants?

Il me manquera pas, j'en suis sûr, d'idiots en tout genre pour encore une fois, invoquer nos péchés, nos crimes, nos fautes, et la colère conséquente de Dieu pour tout expliquer ce qui ravage et ce qui tue. Dans les jours qui viennent, ne manquons pas d'écouter attentivement Mme Sarah Palin et consorts.




jeudi 10 mars 2011

CHOPIN: IMAGE FUNÈBRE



Vu aujourd'hui sur Cyberpresse ( http://www.cyberpresse.ca/arts/arts-visuels/201103/10/01-4378067-decouverte-dun-daguerreotype-de-chopin-sur-son-lit-de-mort.php ) ce daguerréotype ( ou cette ancienne photo ), de Chopin sur son lit de mort. J'ai, avec le logiciel Adobe Lightroom, un peu amplifié l'image, l'ai nettoyée, l'ai avivée. Cela donne ce que vous pouvez voir ici. Cette rare photo de Chopin, captée probablement au moment où son corps était exposé à l'église de la Madeleine, à Paris, en 1849, m'a fortement impressionné. Il avait 39 ans, quand il s'est éteint de suites d'une tuberculose qu'il a traînée pendant plus de 10 ans Il avait encore une chevelure abondante, comme le montrent toutes les illustrations qu'on peut facilement voir de lui. Il y a une photo de lui, prise aussi en 1849, et qui ne le montre pas encore mourant, en tout cas pour le profane en médecine que je suis. 



Mais ce dessin de Winterhalter, dont j'ignore la date de réalisation, montre un Chopin qui déjà a les traits qui se figeront avec sa mort.


Qui n'aime pas Chopin ?
Qui ne connait pas l'immense influence qu'il a eue sur l'époque romantique, et sur la résistance patriotique polonaise ?
Dans les années 1830, on jouait du Chopin même au Bas-Canada d'alors, et j'imagine que les Patriotes d'ici vibraient tout autant à sa musique que les nationalistes romantiques de l'Europe de la même époque.






mercredi 9 mars 2011

Aperçu critique d’une des pires présidences de l’histoire états-unienne



Paul Wolfowitz au Bureau Ovale: un proche collaborateur du Président



Note: L. m'a demandé un petit résumé de ce qu'ont été les Années Bush. Je me suis amusé à reprendre mes notes de cours, à les résumer, à les proposer ici en lecture - après tout, je suis historien de formation. Ces années 2001-2009 rappellent de bien mauvais souvenirs. Mais j'espère que la lecture de ce billet, pour ceux et celles que le sujet intéresse, présentera quand même quelque intérêt ! J'ai eu, moi, du plaisir à le remettre en forme, à l'écrire.




Candidat du parti républicain, G. W. Bush est « élu » en novembre 2000 par une minorité de voix. Il obtient 50 459 211 votes (47,9 %) contre 51 003 894 pour Al Gore, le candidat démocrate et vice-président sortant (48,4 %).
La Cour suprême des États-Unis valide son élection, en infirmant un jugement de la Cour suprême de l’État de Floride qui avait déclaré que le vote était « paramount », ordonnant en conséquence le décompte des votes, mais que dans les districts électoraux où le résultat était contesté. Il s’agissait de districts à majorité noire, et donc à très probable majorité démocrate. C’est là, précisément, ce que la Cour suprême des États-Unis juge comme une erreur en droit, et voilà pourquoi elle considère la mesure comme une violation de l’égalité, garantie dans le Bill of Rights, de tous les citoyens américains. Au regard de la Cour suprême, il faut recompter le vote de tous les électeurs américains, ou n’en recompter aucun. Plus encore, elle ordonne de respecter la juridiction de l’État de Floride dans le processus électoral de son choix : or le propre frère de Bush est gouverneur de Floride, et le parlement de l’État est à majorité républicaine… Sitôt le jugement du plus haut tribunal du pays connu, la Floride s’empresse de stopper le décompte des votes, et d’accorder ses Grands Électeurs au candidat Bush. C’est ainsi que Bush gagne la majorité au collège électoral, et donc la Présidence. L’affaire a toutes les allures d’un véritable coup d’État constitutionnel. Il faut cependant rappeler qu’il y a des précédents, pas toujours honorables : on pense par exemple aux ignobles tractations qui avaient mené à l’élection de Hayes, un autre républicain, en 1877, désignation qui avait facilité l’organisation de la ségrégation raciale dans les États du sud américain.
George Bush est cependant réélu le 2 novembre 2004, par plus de 62 millions d’électeurs, obtenant une courte majorité absolue de 50,7 % du corps électoral. Il fait un gain de 12 millions de votes depuis 2000.
Cette réélection, finalement assez facile, était pourtant imprévisible quelques mois auparavant. Comment dès lors l’expliquer ? On parle d’effets combinés,  de la guerre en Irak, de la politique fiscale adoptée par l’administration républicaine, et de l’impact de débats sociaux majeurs à l’époque: sur le mariage, sur la laïcité, sur l’avortement, sur la peine de mort, sur les armes à feu… Le candidat démocrate s’enferre sur toutes ces questions. Bush a l’avantage de n’avoir jamais à nuancer ses positions : elles ont le mérite d’être claires.
En politique intérieure, l’Administration Bush ne dévie jamais d’orientations à la fois néolibérales — sur le plan économique —, mais néo-conservatrices, pour tout ce qui concerne les droits et libertés de la personne et la moralité publique.
Ainsi, l’avortement ne peut et ne doit plus être un droit constitutionnel garanti aux femmes américaines. Cela découle de convictions religieuses, bien sûr, mais aussi de l’instrumentalisation politique de la religion et des Églises, y compris catholique, ce qui a beaucoup fait pour le renforcement continu du parti républicain.

L’Administration est défavorable au mariage entre personnes de même sexe, et envisage même une modification constitutionnelle pour bloquer, à jamais, cette hypothèse.

Cependant la présidence Bush défend-elle le statu quo constitutionnel quant aux armes à feu, et encore là, reçoit l’appui des segments les plus conservateurs de la population états-unienne, souvent au sud de ladite Bible Belt.

Après les tragiques attentats du 11 septembre 2001, Bush décide que les terroristes ne relèvent plus du droit international ou des Cours fédérales américaines, mais du seul Code militaire américain et du Military Order du 13 novembre 2001. Il faut attendre jusqu’au 8 novembre 2004 pour qu’un tribunal de NY juge illégales les procédures contre les prisonniers de Guantanamo, jugement confirmé par la Cour suprême des É-U, la même qui, en août 2006, a jugé certaines mesures du Patriot Act, dont l’écoute électronique, comme anticonstitutionnelles. Bush a aussi autorisé la CIA à créer des prisons secrètes et à pratiquer certaines formes de torture, même déguisées. Il fait adopter, par un Congrès docile, le Foreign Intelligence Surveillance Act, qui accorde l’immunité aux entreprises de télécommunications qui ont participé aux écoutes électroniques sans mandat judiciaire...

Néolibérale, l’Administration Bush s’illustre notamment par des diminutions d’impôts, dont 60 % des baisses profitent à ceux qui gagnent plus de 100 000 dollars. Bush rejette le Protocole de Kyoto, et réactive les productions massives d’énergie à partir de pétrole, de charbon et de centrales nucléaires. Les milieux d’affaires, en particulier dans le secteur de l’énergie, acclament le Président.

Mais c’est en politique étrangère que Bush fait sa marque la plus profonde, les critiques diront même la plus sinistre. Depuis 2001, les États-Unis augmentent considérablement leurs dépenses militaires. En atteignant plus de 400 milliards de dollars, dès 2002, ces dépenses sont désormais plus importantes que celles, additionnées, de tous les États du monde, réunis. Or, cette militarisation n’est pas le fait des Événements du 11 septembre, qui ne servent ici que d’accélérateur. Dès le milieu des années 1990 se prépare une reformulation de la politique extérieure américaine et de ses objectifs; au cœur de cette redéfinition s’illustre l’universitaire Paul Wolfowitz, théoricien, depuis 1969, du bouclier antimissile, du rejet des contrôles en armements, et de la théorie de la « construction de la menace », dans le but – avoué ! — d’agir selon le bon vouloir américain dans le monde et de bloquer l’émergence de compétiteurs potentiels. (Chine, Japon, Allemagne.)

Dès 2001, Bush amène Wolfowitz à la Maison-Blanche, en tant que sous-secrétaire d’État à la Défense. La communauté internationale, stupéfaite, doit désormais compter avec une superpuissance qui entend mener une politique de cas par cas, identifiant des États Voyous, l’expression est célèbre, avec repli en regard des organisations internationales contraignantes : la Maison Blanche ne souhaite désormais que des « alliances conjoncturelles ». Après le Onze septembre, Bush trouve les mots pour traduire explicitement la politique étrangère de son pays : « ou bien vous êtes avec nous, ou bien vous êtes contre nous ». Cet unilatéralisme radical provoque rapidement la fragmentation du monde relativement à la « guerre contre le terrorisme », parce que cette guerre prend trop évidemment en obligation les avantages objectifs des États-Unis, entre autres ce que Bush appelait le « vent du pétrole ».
La guerre contre l’Irak se prépare, exemple cynique, illégal et crapuleux d’une « construction de la menace » typique de la thèse de Wolfowitz. La planification du conflit exige de Bush de le relier à la problématique du Proche-Orient. Bush adopte la thèse du premier ministre israélien Ariel Sharon, qui prétend mener la guerre contre le terrorisme dans les territoires palestiniens occupés. L’incroyable ignorance des enjeux locaux amène même Bush à songer à une solution extrême au conflit israélo-palestinien : ainsi propose-t-il de donner la nationalité américaine à tous les réfugiés palestiniens qui espèrent une solution à leur situation désespérée depuis 1949 !

En mars 2003, la guerre contre l’Irak éclate, l’Irak accusé de tous les dangers, mais possédant 10 % des réserves pétrolières du monde, au moment où la Chine émerge et a d’énormes besoins énergétiques…

Quelques mois auparavant, en décembre 2002, l’Administration Bush relance officiellement le programme de « bouclier antimissile », déjà projeté sous Reagan : le bouclier exige l’abandon du traité ABM, signé en 1972 avec l’ancienne URSS ; il a pour but de protéger l’entièreté du continent nord-américain par un système multicouche, combinaison de radars, de missiles intercepteurs, au sol, en mer, du ciel, et même de l’espace… (D’où la colère américaine quand le Canada, en 2004, refuse de participer au projet, pour cause de militarisation de l’espace, militarisation interdite par le droit international.)

Conséquence inévitable de cette politique internationale: l’illégalité des opérations de guerre, et l’effondrement du système de sécurité collective mis en place depuis 1945. Très révélateur est là-dessus le refus de l’administration Bush de reconnaître la Cour pénale internationale, créée en 1998 pour juger des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. En 2002, le Congrès adopte, tout au contraire, une loi autorisant le Président à prendre tous les moyens, y compris militaires, pour libérer quelque Américain qui pourrait être traduit, hypothétiquement, devant la Cour…

mardi 8 mars 2011

Journée de la Femme



Photographies de Marc Laita, pour l'exposition et le livre Created Equal ?



Superbe, troublante juxtaposition de photos, percutante représentation de l'inégalité fondamentale entre les êtres humains. Mais que dire de l'oeuvre ( et de l'intention ) de cet artiste remarquable, sinon qu'il en appelle au regard tendre, affectueux, respectueux et admiratif des différences magnifiques, fabuleuses qu'on rencontre à fréquenter quotidiennement les spécimens de notre espèce ?

Le travail artistique de Marc Laita est un puissant appel à l'humanisme. Qui me rejoint, très certainement.

À mes lecteurs/lectrices, prenez une ou deux minutes pour cliquer sur le lien. Vous serez étonnés, séduits, et très rapidement mieux dans votre peau.




jeudi 3 mars 2011

PICASSO: OEUVRES DE JEUNESSE

Pablo Picasso, oeuvres sans titres que je connaisse...



J'ignorais totalement, jusqu'à cet après-midi, l'existence même de ces toiles de Picasso. En fait, il s'agit matériellement d'une seule toile, peinte recto verso. Picasso était âgé de 14, 15 ou 16 ans quand il les a peintes. C'est dire qu'il était probablement étudiant à l'école des beaux-arts de Barcelone, et que ce sont peut-être là des toiles scolaires. Quand même. Lorsqu’on connait un peu, juste un peu l'oeuvre du peintre, et les passions qui ont traversé sa vie, ces deux tableaux plaqués à une seule et même toile sont pour le moins surprenants, déconcertants. J'ignore complètement, aussi, si Picasso les a personnellement sauvegardés, plus tard commentés, expliqués. Si jamais un visiteur de ce blogue pouvait m'éclairer là-dessus, j'en serais ravi.


Ajout, du 21 décembre 2011: 


Picasso, 1895


Je fouillais sur Internet, à la recherche d'une Nativité de Léonard ( c'est la période de l'année qui l'exige ! ), quand je suis tombé sur un site qui publie cet extraordinaire dessin de Picasso, datant, lui aussi, des 14 ans du peintre. La précision du travail est à ce point remarquable qu'il en devient un document historique, sur ce qu'était un corps d'homme à la fin du 19è siècle, tout autant qu'une oeuvre d'art étonnante, fascinante - surtout exécuté par Picasso ! Différence très nette par rapport aux deux oeuvres reproduites dans le billet, ci-haut, ce dessin d'homme nu est franchement dépourvu de tout érotisme. On croirait plutôt Picasso inspiré par la photographie de son époque. Belle trouvaille que ce dessin !








mercredi 2 mars 2011

La lavandière de Puerto Vallarta




Il y a quelques semaines de ça, la chanteuse Michèle Richard avait parlé, à l’émission Les Enfants de la télé, des « lavandières de Puerto Vallarta », honorables ménagères de la misère et de l’arrière-pays, qui devaient nettoyer leurs vêtements directement à la rivière en utilisant de la roche plate tout aussi durable que la plus solide des Maytag. La chanteuse était allée là exercer son art en bikini, justement grimpée sur une de ces roches lissées par le temps, l’eau et le travail à bras de femmes… Ces dames lui servaient de décor champêtre. Je me demandais, en l’écoutant, quel lien pouvait-elle bien faire en sa tenue légère et le travail dur et acharné des dites lavandières… Peut-être voulait-elle, inconsciemment, justifier sa minceur de l’époque, et en faire un produit de dur labeur… Mystère.
J’arrive tout juste de Puerto Vallarta. J’ai eu du temps superbe. En voyant l’abondance des turquoises, des bleus, des blancs, des verts, je me suis pris à penser à Gauguin, fasciné par le soleil et les couleurs de Tahiti. Rien que ça ! Et je me suis beaucoup promené. Puerto Vallarta est maintenant une très jolie petite ville. Plusieurs artistes ont été embauchés pour embellir la ville. La petite église catholique coloniale a été couronnée en 2009, et l’œuvre est superbe. Sur l’avenue principale, un théâtre à la grecque a été aménagé ; j’y ai vu des spectacles en plein air hautement professionnels. J’y ai vu, surtout, une sculpture remarquable, d’une lavandière d’autrefois, placée tout juste entre la mer, et des condos d’un luxe extravagant, protégés par de hautes clôtures, des serrures électroniques et des gardiens armés… Qui a voulu se moquer de ces riches enfermés dans leurs tours d’ivoire tout blanc, se réservant la plage pour eux seuls, se protégeant d’on ne sait quel danger par des gardiens tout en muscle, armés jusqu’aux dents ? La lavandière est là, devant cet étalage de luxe, qui fait patiemment, perpétuellement son travail, sans colère, sans pointer du doigt ces riches étrangers qui lui volent petit à petit son pays…
Loin de m’inciter à la soumission, la lavandière m’a heurté, choqué, rappelé dramatiquement la délocalisation, l’exploitation de la main-d'œuvre si bon marché du Mexique, le cheap labor à la solde des nouveaux riches et de leurs vêtements souillés. Le Mexique nous habille et nous lave, de plus en plus.
Je suis sûr, sûr et certain que la municipalité de Puerto Vallarta n’a pas placé cette statue au hasard. Elle est précisément là où elle est, pour rappeler le fossé grandissant entre les riches et les pauvres. Elle est là comme une critique sociale voulue et délibérée. La lavandière pourrait s’immoler par le feu, comme ce jeune tunisien sans avenir et outrageusement méprisé par un ordre social parfaitement immoral, déclenchant la révolte que l’on sait, et dont on souhaite qu’elle devienne et reste une authentique révolution. Elle est là pour faire peur, pour donner la trouille aux confortables de toutes sortes qui ne vont au Mexique que pour s’en approprier une parcelle, rejetant le plus loin possible les indigènes qui pourraient se croire encore chez eux. J’imagine qu’il y en a pour trouver cette sculpture fâcheuse, d’un goût douteux, et pour tout dire, franchement, de trop. Elle finira peut-être par être déplacée.
Il y a, dans le vieux Puerto Vallarta, un commerce qui affiche à sa porte cette courte note : « Ici, les Mexicains sont aussi les bienvenus ». C’est tout dire du respect qu’on attend des touristes, et des envahisseurs fortunés qui s’installent en chassant les pauvres de leur connaissance et de leur vue.